Descartes et les Mathématiques Les grands problèmes de la géométrie grecqueNombres constructibles, quadrature, duplication Les géomètres grecs n'avaient pas GéoPlan, ni GeoGebra… | |
Sommaire1. Points et nombres constructible 2. Quadrature du cercle |
Le troisième grand problème de la géométrie grecque : |
1. Points et nombres constructiblesPoint constructibleDéfinition : un point est constructible à partir d'un ensemble E si je peux le construire d'une façon précise à partir de E, à la règle non graduée et au compas. De même, E2 est l'ensemble des éléments constructibles en une étape à partir de E1, E3 à partir de E2, et ainsi de suite. Définition : un point M est constructible à partir de E, s'il existe un i tel que M appartienne à Ei (on peut construire M en i étapes). Définition : on appelle point constructible du plan (euclidien), tout point constructible à partir de E = {O, I} où OI =1. Application : montrons que le point J(0, 1) est constructible avec la construction de la médiatrice d'Œnopide de Chios (Ve siècle avant J.-C.) : E1 contient le point I’, intersection de la droite (OI) et du cercle de centre O, passant par I. E2 contient les points A et A’, intersections du cercle de centre I, passant par I’, et du cercle de centre I’, passant par I. La médiatrice (AA’) de [II’] coupe le cercle de centre O, passant par I en J et J’, points de E3. (O ; I ; J) est un repère orthonormé constructible du plan euclidien. Télécharger la figure GéoPlan repere_oij.g2w | |
Définition : on appelle nombre constructible la longueur associée à deux points constructibles. Propriétés :
Dans le plan euclidien, muni d'un repère orthonormé (O ; I ; J), toute coordonnée d'un point constructible est un nombre constructible ; Remarque : on parle aussi de « nombre constructible à la règle et au compas ». | |
Vérification Si A et B sont deux points constructibles, alors la distance AB est un nombre constructible. Indications : Le point C, quatrième sommet du parallélogramme OABC, est constructible. Le point D est constructible avec OD = OC = AB = d. Le nombre d, abscisse d'un point constructible, est constructible. La longueur AB est bien un nombre constructible. Télécharger la figure GéoPlan distance_ab.g2w | |
La somme de deux nombres constructibles est constructibleSoit a et b deux nombres constructibles ; A et B les points constructibles d'abscisses a et b. En traçant le cercle centre A et de rayon b le nombre a+b correspond au point constructible S si a est positif ; | |
L'opposé d'un nombre constructible est constructible | |
Le produit de deux nombres constructibles est constructibleVoir : la démonstration par l'application du théorème de Thalès dans la Géométrie de Descartes ou la page construction de réels en seconde. | |
L'inverse d'un nombre constructible non nul est constructible.Le point A a pour abscisse a non nulle. M est un point du cercle non situé sur Ox. La parallèle à (AM) menée par I coupe (OM) en B. Le point B est constructible et sur la droite repérée (O, M) a pour abscisse 1/a. 1/a est un nombre constructible. Télécharger la figure GéoPlan inverse.g2w | |
Le quotient d'un nombre constructible par un nombre constructible non nul est constructible. Voir : nombre a/b dans la page construction de réels en seconde. La racine carrée d'un nombre constructible positif est constructible. Voir : construction d'Euclide reprise par Descartes dans l'article construction de réels en seconde. | |
Nombre algébriqueRappel : un nombre est algébrique sur un corps K s'il existe un polynôme non nul, à coefficient dans K, s'annulant sur ce nombre. Sur Q un nombre algébrique est solution d'une équation à coefficients entiers. Pierre-Laurent Wantzel, mathématicien français, a montré en 1837 qu'un nombre constructible est algébrique sur Q et son degré est une puissance de 2. | |
Polygones constructiblesThéorème : un polygone régulier de n côtés est constructible si cos est un nombre constructible. Pour n = 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12, 15, 16, 17, 20… les polygones à n côtés sont constructibles. Pour n = 7, 9, 11, 13, 14, 18, 19… ils ne le sont pas. | |
2. Quadrature du cercleLa quadrature du cercle : tracer, à la « règle et au compas », un carré de même aire qu'un cercle donné. La quadrature du cercle nécessite la construction à la « règle et au compas » d'un segment de longueur la racine carrée de π. Ce problème n'est pas résoluble, car en raison de la transcendance, π n'est pas constructible. WikiPédia : quadratrice de Dinostrate. | |
Calcul de π dans l'ancienne ÉgypteLe papyrus mathématique égyptien le mieux conservé est le papyrus Rhind, écrit par le scribe Ahmés vers 1650 avant J.-C. ; Parmi quatre-vingt-sept problèmes, accompagnés de leurs solutions, on trouve la règle suivante pour la quadrature du cercle : | |
Justifications L'aire du disque de diamètre 1 est . Cette aire du disque est voisine de celle de l'octogone ABCDEFGH (non régulier). Ce nombre est voisin du carré , aire du carré de côté : (1 − )2 = . Les « anciens Égyptiens » utilisaient donc pour π la valeur de 4 × (1 − )2 = ≈ 3,16, avec une incertitude relative de pour le calcul de π. Télécharger les figures GéoPlan pi_rhind.g2w ou pi_rhind_2.g2w Calcul de π : ti-92 | |
Lunules d'HippocrateDéfinition : une lunule est une portion de surface délimitée par deux cercles non concentriques de rayons différents, Les quatre lunules Au Ve siècle avant J.-C. Hippocrate de Chios est le premier à s'être intéressé aux quadratures. Il n'a pas réussi pour le cercle, mais il prouva la « quadrature » des lunules. Les quatre lunules hachurées en bleu sont les surfaces comprises entre le cercle de rayon r circonscrit au carré ABCD l'aire du carré ABCD est égale à la somme des quatre aires des lunules. Léonard de Vinci généralisera cette propriété à d'autres lunules construites sur des figures diverses. | |
Preuve Le secteur circulaire OAB a une une égale au quart de l'aire du cercle de rayon r = OA, Cette surface est faite du triangle OAB et du segment circulaire AB. Ces deux aires sont égales. Quand on leur retranche l'aire du segment circulaire, on trouve bien que l'aire de l'aire de la lunule est égale à celle du triangle OAB, soit le quart de l'aire du carré. | |
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Quadrature de la parabole par Archimède : analyse en 1L |
3. Duplication du carré et du cubeDuplication du carré : tracer à la « règle et au compas » un carré d'aire double d'un carré donné. Construction avec une diagonaleDans Ménon, un dialogue de Platon, Socrate explique la construction ci-dessus à un jeune esclave. La diagonale du « petit carré » le partage en deux triangles isocèles rectangles. Le rapport des aires des carrés est 2, Remarque : la similitude directe, de centre A, d'angle 45° et de rapport , transforme le carré ABCD en le carré ACEF. Télécharger la figure GéoPlan duplication_carre.g2w | |
Carrés de Léonard de VinciLe carré circonscrit à un cercle a une aire double de celle du carré inscrit dans ce cercle. Télécharger la figure GéoPlan carres_vinci.g2w | |
Solution de Léonard de VinciÀ partir d'un « petit carré » ABCD, de centre O, on trace les cercles centrés sur les sommets, passant par O. Les diagonales du « petit carré » le partagent en quatre triangles isocèles rectangles. Télécharger la figure GéoPlan carres_vinci.2g2w | |
Duplication du cercle d'ArchimèdeProposition VII du livre des lemmes Si un cercle est circonscrit à un carré, et si un autre cercle lui est inscrit, le cercle circonscrit sera double du cercle inscrit. Circonscrivons un cercle AB au carré AB, et inscrivons-lui le cercle CD. Que AB soit la diagonale du carré et le diamètre du cercle circonscrit. Puisque le carré de AB est double du carré de AE ou de DC, et que les cercles sont entre eux comme les carrés de leurs diamètres, le cercle AB sera double du cercle CD. Télécharger la figure GéoPlan cercles_archimedeg2w | |
Retrouver ces paragraphes dans : carré au collège Voir duplication de figures : triangle, rectangle… Problème pythagoricien du Ve siècle avant J.-C. : trouver un triangle rectangle isocèle « calculable » avec les quatre opérations des entiers. Étudier les solutions possibles selon la parité de x et y. Reste le cas où x est impair et y pair. Dans ce cas, la moitié de 2x2 est impaire, alors que celle de y2 est paire : ces deux nombres ne peuvent pas être égaux. Il n'existe donc pas de naturels (ni de rationnels) tels que 2x2 = y2. Le rapport entre le côté et la diagonale du carré est irrationnel. On aurait pu penser que les Grecs, mathématiciens et philosophes découvrant la méthode axiomatique, auraient cherché à comprendre comment articuler ces nouvelles mathématiques avec les calculs plus anciens des Mésapotamiens et des Égyptiens. Au contraire, ils ont fait table rase du passé et abandonné le calcul pour le raisonnement. Le calcul ne fut pas pour autant complément abandonné. Voir par exemple l'algorithme d'Euclide pour le calcul du PGCD ou les mathématiques du moyen-âge. D'après Dowek Gilles – Les métamorphoses du calcul - Le pommier 2007 Duplication du cube : problème de Délos (problème déliaque) posé par les sophistes grecs au VIe siècle avant J.-C. Le polynôme minimal du nombre est x3 − 2 = 0 de degré 3. est un nombre algébrique de degré 3 sur Q. Ce nombre n'est pas un nombre constructible. | |
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Page no 80, créée le 14/3/2005 |