Le plan projectifThéorémes de Desargues, de Pappus. Division harmonique ; trapèze et quadrilatère complets ; | |
Sommaire1. Configuration du trapèze complet 2. Pappus 3. Desargues 4. a. Division harmonique |
Géométrie euclidienne 2.1. Droite de Newton 2.2. Droites des milieux 2.3. Point de Miquel - Cercle de Miquel |
DéfinitionsGirard Desargues (Français 1591-1661) est le créateur de la géométrie projective, étude de propriétés qui se conservent par projection centrale : alignement, point de concours, contact et birapport. Intuitivement la droite projective est une droite affine complétée par un point, appelé point à l'infini. Elle est en bijection avec R ∪ {∞} Le plan projectif est un plan affine complété par la droite de l'infini, réunion des points à l'infini des droites de ce plan. Le plan projectif est associé au groupe des transformations projectives qui conservent alignement, concours, division harmonique et birapport. Une des catastrophes de l'enseignement français des mathématiques est que ces notions difficiles, mais essentielles en dessin, imagerie et physique, ne sont plus enseignées au lycée depuis 1970. Nous donnons ici quelques exemples d'alignements et de point de concours. | |
1. Configuration du trapèze completDéfinition du trapèze complet Définition : Un trapèze complet est un quadrilatère complet dont un des sommets est un point à l'infini Un trapèze complet (qui n'est pas un parallélogramme) est formé de quatre droites du plan, deux droites parallèles et deux sécantes coupant les parallèles en quatre points. Remarque : un trapèze est un quadrilatère, possédant au moins deux côtés opposés parallèles. Théorème du trapèzeDans un trapèze, la droite joignant le point d'intersection des côtés non parallèles au point d'intersection des diagonales, passe par les milieux des côtés parallèles. Activité ![]() A, B et C sont trois points du plan ; D est un point sur la parallèle à (AB) passant par C. ABCD est un trapèze de bases [AB] et [CD] ayant pour milieux I et J. Les diagonales [AC] et [BD] se coupent en O. Les droites (BC) et (AD) se coupent en P. Montrer que les points I, J, O et P sont alignés. Démonstration avec l'homothétie Utiliser les propriétés des homothéties transformant le segment [AB] en [CD]. Réciproque : CDP est un triangle, J le milieu de [CD], O un point de la droite (PJ) distinct de P, de J et du symétrique de J par rapport à P. Montrer que les droites (AB) et (CD) sont parallèles et que le point I, intersection de (AB) et (PJ), est le milieu de [AB].
Démonstration avec des barycentres Il existe un nombre k différent de 0, 1 et -1 tel que le vecteur D'après la règle d'associativité des barycentres, on trouve que l'intersection A de (PD) avec (CO) est le barycentre partiel de (P, 2k) et (D, 1) et aussi que B est le barycentre partiel de (P, 2k) et (C, 1) ; En calculant à partir de P, dans les formules 2 et 3, on trouve (2k + 1) De même, en calculant à partir de D, dans la formule 2, on trouve (2k + 1) D est le barycentre de (A, 2k + 1) et (P, – 2k). La formule vectorielle de Leibniz (α + β) Des calculs similaires avec la formule 3, à partir du point C, permettent d'écrire (2k + 1) En remplaçant ces deux derniers résultats dans la formule 1, on trouve – (2k + 1) Les deux coefficients étant égaux, I est le milieu de [AB]. | |
2. Pappus![]() Pappus d'Alexandrie (vers l'an 300) Théorème de PappusSoit (d) et (d’) deux droites du plan projectif ayant le point O comme intersection ; A, B et C trois points de (d) distincts de O ; A’, B’ et C’ trois points de (d’) distincts de O. Les points d'intersection A1, B1 et C1 sont alignés (voir figure). Remarque : on trouve diverses formes de ce théorème en géométrie affine en tenant compte que deux droites du plan projectif, toujours concourantes, correspondent à deux droites sécantes ou parallèles du plan affine. En géométrie affine, voir le cas particulier où (AB’)//(A’B). (la droite (A1B1) est alors la droite de l'infini.) D'après le théorème de Pascal, pour un hexagone inscrit dans une conique, les points d'intersection des côtés opposés de l'hexagone, s'ils existent, sont alignés. Les deux droites (d) et (d’) peuvent être considérées comme une conique dégénérée : pour l'hexagramme AB’CA’BC’, le théorème de Pappus-Pascal affirme l'alignement des points A1, B1 et C1. | |
Parallélogramme de Pappus : preuve par homothétie Petit théorème de Pappus |
Démonstration par Pappus du théorème de Pythagore |
3. DesarguesDroites concourantes en ODesargues Girard - Géomètre lyonnais 1591-1661 Théorème de Desargues (forme forte) Perspective de deux triangles ![]() Soit ABC et A’B’C’ deux triangles (distincts d'un espace projectif) ayant leurs sommets deux à deux distincts. Si les droites (AA’), (BB’) et (CC’) sont concourantes, alors les points de concours A1, B1 et C1 sont alignés. Le point O est le pôle de la perspective (ou centre d'homologie) ; archaically en : perspector (A1, B1) est l'axe de la perspective (ligne de terre ou axe d'homologie) ; archaically en : perspectrix
Apllications : Réciproque, voir : | |
Droites parallèles![]() Cas particulier où le centre O est le point à l'infini sur la droite (AA’). Soit ABC et A’B’C’ deux triangles, ayant leurs sommets deux à deux distincts, tels que (AA’) // (BB’). Les droites (AA’) et (CC’) sont parallèles, si et seulement si les points A1, B1 et C1 sont alignés.
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Démonstration historique « par le relief »Démonstration avec une perspective de centre O, à la façon de Desargues (1637) Figure dessinée dans le plan, que l'«on voit » comme la représentation en perspective d'une figure de l'espace ![]() A’B’C’ dans le « plan horizontal », L'axe de la perspective est alors la droite d'intersection des deux plans. | |
![]() Même figure dépouillée des plans permettant de « voir » dans l'espace
Commande GéoPlan | |
Visualisation d'une pyramide de sommet O et de base A’B’C’ coupée par le plan (ABC). Desargues transgresse une des règles d'Euclide qui est de démontrer une propriété de géométrie plane dans le seul cadre de la géométrie plane. Il peut être considéré comme l'inventeur de la méthode des transformations permettant des démonstrations par transfert de propriété. Il utilise l'espace pour la visualisation d'un problème plan : Imaginons que la figure ci-dessus soit une représentation de l'espace : ![]() Le triangle ABC est l'image en perspective du triangle A’B’C’. Théorème de Desargues dans l'espace Ces figures s'appliquent, dans l'espace, à deux triangles non coplanaires.
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Géométrie affine Forme forte du théorème de Desargues![]() Si le point C1 est le point à l'infini, les droites (AB) et (A’B’) sont parallèles, et sont parallèles à (A1B1). Remarque : des droites concourantes dans un espace projectif correspondent à des droites sécantes ou parallèles dans un espace affine. En géométrie affine, on trouvera plusieurs énoncés du théorème de Desargues tenant compte de ce fait, comme ce cas particulier où les triangles ont deux côtés distincts parallèles. | |
Ce qui donne, dans le plan affine, la forme faible du théorème de Desargues Soient (d1), (d2) et (d3) trois droites distinctes concourantes ou parallèles et soient ABC et A’B’C’ deux triangles non plats tels que A et A’ soient sur (d1) ; B et B’ sur (d2) ; C et C’ sur (d3).
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Réciproque Soient ABC et A’B’C’ deux triangles non plats, tels que (AB)//(A’B’), (BC)//(B’C’) et (AC)//(A’C’), alors les droites (AA’), (BB’) et (CC’) sont concourantes ou parallèles. Autrement dit, deux triangles ayant leurs côtés deux à deux parallèles, sont homothétiques ou translatés l'un de l'autre. | |
Dans le Bulletin APMEP no 493 mars-avril 2011, Michel Fréchet propose une démonstration élégante et surprenante de ce théorème avec une figure de l'espace. – Soit α, β et γ les coordonnées barycentriques de O respectivement par rapport aux couples de points (A, A’) ; (B, B’) et (C, C’). – Parachutons le point K, barycentre des points pondérés (A, α) et (B, – β). – En additionnant, membre à membre, ces trois dernières égalités on a : | |
4. a. Division harmoniqueDéfinitions : quatre points distincts alignés A, B, C, D sont en division harmonique si et seulement si on a l'une des quatre relations équivalentes : relation de Descartes : relation de Newton : IA2 = IB2 = relation de Mac-Laurin : Birapport de quatre points alignés : c'est le nombre La notion de birapport (ou rapport anharmonique) remonte à Pappus d'Alexandrie. Si quatre points alignés A, B, C, D forment une division harmonique, le birapport est égal à –1 et on note [A, B, C, D] = −1 ; Sur une droite (AB), le point à l'infini est le conjugué harmonique du milieu de [AB] par rapport à A et B. Réciproquement, le milieu est le conjugué du point à l'infini. | |
Voir : polaire d'un point par rapport à une droite ou à un cercle |
WikiPédia : division harmonique |
4.b. Quadrilatère complet![]() Définition : un quadrilatère complet est formé de quatre droites du plan se coupant, deux à deux, en six points. Remarques : deux des points peuvent être « à l'infini ». Le quadrilatère est alors un parallélogramme. L'étude de ce cas particulier ne présente pas d'intérêt dans le plan projectif. Dans la suite de cet article nous considérons le quadrilatère complet strict où deux quelconques des quatre droites ne sont pas parallèles, trois quelconques ne sont concourantes : A, B, C et D sont quatre points du plan formant un quadrilatère convexe (qui n'est pas un trapèze), les droites (AB) et (CD) se coupent en E, puis (AD) et (BC) en F. Les quatre droites (AB), (AD), (CB) et (CD) déterminent un quadrilatère complet ayant les six sommets A, B, C, D, E et F. | |
![]() Les trois droites (AC), (BD) et (EF) sont les diagonales du quadrilatère complet, leurs points d'intersection I, J, K sont les points diagonaux. Le quadrilatère complet est à distinguer du quadrangle complet qui a quatre sommets, six côtés et trois points diagonaux. Dans un espace projectif, le dual d'un quadrilatère complet est un quadrangle et réciproquement.
Feuille de travail dynamique avec GeoGebra Diagonales et divisions harmoniques dans un quadrilatère complet WikiPédia : Quadrilatère complet | |
2. Géométrie euclidienne2.1. Droite de Newton d'un quadrilatère completDans la suite de ces paragraphes, les quatre droites (AB), (AD), (CB) et (CD) déterminent un quadrilatère complet de sommets A, B, C, D, E et F. ![]() Les milieux I, J et K des diagonales sont alignés (Théorème de Newton). La droite qui porte les points I, J, K est dite droite de Newton du quadrilatère complet.
Démonstration Soit G et H les points définis par Soit h1 l'homothétie de centre F qui transforme B en C, et h2 l'homothétie de centre F qui transforme D en A. h3 = h2 o h1 et h4 = h1 o h2 ![]() L'image de (BG) par h1 est (DC), l'image de (DC) par h2 est (AH), donc l'image de (BG) par h3 est (AH). De même, l'image de (DG) par h4 est (CH). La composition des homothéties de même centre est commutative : h3 = h4 est une homothétie de centre F. D'où l'image de G par h3 est H ; les points F, G et H sont alignés. Comme
L'homothétie de centre E et de rapport Comme les points F, G, H sont alignés; les transformés I, J, K sont donc alignés.
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2.2. Droites des milieux d'un quadrilatère complet![]() Les milieux I de [ME], J de [AD] et K de [BC] sont alignés. Les diagonales [AC] et [BD] du quadrilatère complet se coupent en M : De même, si les diagonales [AC] et [EF] se coupent en N, on trouve que : Enfin, si les diagonales [BD] et [EF] se coupent en O :
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![]() Les milieux de [NB], de [AF] et de [CE] sont alignés ; | |
![]() Les milieux de [OA], de [BF] et de [DE] sont alignés ; | |
2.3. Point et cercle de MiquelPoint de Miquel d'un quadrilatère complet ou d'un triangle Point de Miquel d'un quadrilatère completThéorème du quadrilatère complet Les quatre cercles circonscrits aux triangles ADE, BCE, ABF et CDF, formés par les sommets pris trois à trois, sont concourants en M, point de Miquel du quadrilatère complet. Point de Miquel d'un triangle associé à une transversale![]() Étant donné un triangle FDC et une transversale (d), ne passant par les sommets, coupant les côtés (FD) en A, (FC) en B et (DC) en E. Les trois cercles ADE, BCE et ABF sont sécants en un point M, point de Miquel du triangle FDC associé à la transversale (d). Le cercle circonscrit au triangle FDC passe par le point de Miquel. Les démonstrations se font en utilisant les angles inscrits.
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Cercle de MiquelThéorème des quatre cercles ![]() Les centres O1, O2, O3, O4 des quatre cercles et le point de Miquel M sont cocycliques ou alignés. Le cercle contenant ces cinq points est dit cercle de Miquel.
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2.4. Alignement des orthocentres d'un quadrilatère completLes quatre triangles ABF, ADE, BCE et CDF formés par les côtés du quadrilatère complet pris trois à trois ont leurs orthocentres alignés sur la droite de Miquel, droite orthogonale à la droite de Newton, qui passe par les milieux des diagonales. ![]()
Démonstration avec un axe radical : géométrie du cercle | |
2.5. Droite de Newton d'un triangle![]() Rappel : Dans un triangle, une ménélienne est une droite ne passant pas par un des sommets. Dans un triangle ABC, une ménélienne rencontre les côtés (BC), (CA) et (AB) respectivement aux points P, Q et R, distincts des sommets. Alors les points I, J et K sont alignés sur la droite de Newton du triangle ABC, associée à la transversale (d). Les quatre droites (AB), (AC), (PC) et (PQ), définissent un quadrilatère complet, admettant pour sommets les six points A, B, C, P, Q et R. Les points I, J et K sont alignés sur la droite de Newton de ce quadrilatère complet. Figure ci-dessus La ménélienne rencontre deux côtés du triangle ABC. Figure ci-dessous ![]() La ménélienne ne rencontre aucun des côtés du triangle. | |
Feuille de travail dynamique avec GeoGebra |
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Bibliographie Jean-Louis Ayme - Une quarantaine de démonstrations concernant la droite de Newton : méthodes et techniques en géométrie - Ellipses - 2003 | |
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Page no 46, réalisée le 21/6/2003 |